Trois mois avant le début des épreuves, les JO 2024 n’ont pas commencé mais ils sont dans toutes les têtes de celleux qui ne participeront pas à la fête annoncée, par désintêret, par principe ou faute d’avoir 200 balles à dépenser pour aller quelques heures au stade. Certain.e.s ont déjà planifié leurs vacances en dehors de Paris, d’autres se consolent avec le petit pactole qu’apportera la sous-location de leur appart sur airbnb, d’autres se demandent comment ils iront au boulot avec tout ce remue-ménage, d’autres sont toujours à trimer sur les chantiers de l’évènement… Mais, face à ce grand barouf qui s’impose déjà à tout le monde, dans les rues, les cafés, les transports, sur internet, à la télévision, n’y aurait-il pas d’autres moyens de faire la fête pendant les mois à venir ? Une fête sans médailles ni podiums, sans gagnants ni perdants, sans drapeaux ni logos d’entreprises, une fête gratuite, inventive et revancharde, à laquelle peuvent participer, chacun.e à sa manière, toutes celleux qui souhaitent envoyer valser le monde qu’incarnent les JO ?!
Oui parce que, rappelons-le, les JO c’est quand même avant tout une grande célébration nationaliste, où chaque «peuple» s’unirait derrière ses propres couleurs, ces mêmes bannières dégueulasses qui, partout dans le monde, justifient l’existence de frontières et de guerres causant toujours plus de morts. A travers la compétition sportive, les JO sont comme une vitrine des nations, où leurs conséquences mortifères et les conflits sociaux sont dissimulés derrière un grand spectacle pacifié.
Les JO c’est aussi une aubaine pour l’Etat afin de renforcer son contrôle sur la population. De nouvelles technologies de surveillance, en particulier les caméras dites «intelligentes», sont ainsi déployées un peu partout. Les JO et tous les dispositifs sécuritaires qui les accompagnent, sont une sorte de rouleau compresseur contre toutes tentatives de créer des espaces de liberté. Pendant les épreuves, près de 30 000 flics et autres milliers de militaires et agents de sécurité privés seront là pour tuer dans l’oeuf toute envie de perturbation de l’évènement.
Les JO c’est un accélérateur de la chasse aux pauvres. En multipliant les expulsions de terrains, de logements, les éloignements de personnes de force (travailleureuses du sexe, migrants, SDF, etc), en augmentant le prix du ticket de métro à 4 euros, les JO transforment la ville en un terrain de jeu pour les riches, qui n’auront même plus à souffrir de la vision des plus pauvres. Les mêmes qui en partie se font exploiter pour construire les infrastructures, veiller à la «sécurité» ou assurer les différents services pendant les JO. Depuis longtemps les indésirables sont chassés toujours plus loin de la métropole, relégués dans des cités dortoirs où tout est fait pour qu’ils n’en sortent que pour aller bosser. Les JO ne font qu’accentuer cette dynamique.
Les JO c’est la fête du CIO, des Etats, des nationalistes, des capitalistes. Coca, Airbnb, Decathlon, etc, amassent pas mal de blé pour l’occasion, mais aussi toutes les entreprises de BTP qui bétonnisent l’IDF ou encore Tahiti. Et les quelques organisateurs, au passage, qui se font un petit pactole pour les années à venir. Voilà à qui profite l’héritage olympique de ces jeux qui se veulent écolo, soutenables et durables.
Beaucoup n’ont pas attendu 2024 pour s’opposer aux JO. Il y a eu plusieurs grèves de personnes sans-papiers sur les chantiers des JO, notamment derrière le slogan : «pas de papiers, pas de JO». Chantiers qui se voulaient irrépprochables et qui tournent à pleine vitesse au mépris des ouvriers dont certains ont perdus la vie pour construire les métros. Il y a aussi eu l’occupation des jardins d’Aubervilliers dont une partie a été détruite pour construire une piscine qui finalement ne servira même pas aux JO. Il y a des menaces de grèves dans les transports en commun.
Dans le même temps, il y a également ceux qui voudraient des JO qui respectent les horaires de pauses et de travail le dimanche et tout irait mieux, il y a les syndicats qui ont négocié des contrats spécial JO au détriment de celleux qui vont se faire exploiter pendant cette période. Il n’existera jamais de JO verts et respectueux de toustes, comme cela n’existe pas dans ce monde capitaliste et qui reproduit au quotidien des dominations.
Alors, comment s’amuser à faire en sorte que leur fête ne tourne pas tout à fait comme prévu ? Comment jouer ensemble, sans compétition, à ce que ça déraille, pour que les flics fassent du saut de haies en fuyant des foules déterminées à venger la mort de Nahel et tous les autres tués par la police, que Tony Estanguet et sa clique, menacés par des javelots revanchards, se fassent plumer les 250 000 balles qu’ils se mettent dans les poches chaque année pour l’organisation des JO, que les caméras de vidéosurveillance se fassent défoncer par des bandes d’inventifs s’essayant au saut à la perche pour pouvoir les atteindre, que les juges et les procs, dont le nombre a été largement augmenté pour l’occasion, se retrouvent à courir un 3 000m en robe pour déguerpir des tribunaux pris d’assaut, etc ?